Les enfants terribles

#chouette #blibliothèque #livres • 11/09/2017 - 09:42
Chaque lundi nous vous conseillerons une oeuvre francophone disponible dans notre Chouette bibliothèque. Aujourd'hui nous vous présentons "Les Enfants terribles"/"As crianças terríveis" de Jean Cocteau

Les enfants terribles - Jean Cocteau

À la sortie du lycée Condorcet, Paul est terrassé par une boule de neige lancée par son idole, Dargelos, le coq du collège.Trop faible, il n’ira plus en classe, sa sœur Élisabeth le soignera dans leur chambre, navire imaginaire qui, tous les soirs, appareille pour des contrées lointaines.
Ni Gérard qui aime Élisabeth, ni Agathe qui aime Paul n’empêcheront le frère et la sœur de s’adorer et de se déchirer.
Cette œuvre clef de Jean Cocteau est un conte fantastique, un roman de poète dont le récit devient chant.
La chambre est un sanctuaire où l’on célèbre un culte à l’amour et à la mort. Il y a une prêtresse, il y a un trésor, il y a des victimes sacrifiées. Il y a envoûtement et malédiction.


Na saída do colégio Condorcet, Paul é atingido por uma bola de neve lançada pelo seu ídolo, Dargelos, a figura mais importante do colégio. Sentindo-se muito fraco, ele não irá mais às aulas. Preso em seu quarto, que se transformará em palco para as mais diversas aventuras, ele ficará sob os cuidados de sua irmã Élisabeth.
Nem Gérard que ama Élisabeht, nem Agathe que ama Paul impedirão os irmãos de se amar e de se destruir.
Esta obra chave de Jean Cocteau é um conto fantástico. O quarto é um santuário onde celebramos um culto ao amor e à morte. Há uma sacerdotisa, há um tesouro, há vítimas sacrificadas. Há feitiço e maldição.

Bonne lecture !

Voici quelques extraits du livre:

La voiture roulait lentement sur le sol glacé. Gérard regardait la pauvre tête cahotée de gauche et de droite à l'angle du véhicule. Il la voyait par en dessous, éclairant le coin de sa pâleur. Il devinait mal les yeux clos et ne distinguait que l'ombre des narines et des lèvres autour desquelles reataient prises de petites croûtes de sang. Il murmura : "Paul..." Paul entendait, mais une incroyabe lassitude l'empêchait de répondre. Il glissa la main hors de l'entassement des pèlerines et la posa sur la main de Gérard.
En face d'un danger de cet ordre, l'enfance se partage entre deux extrêmes. Ne soupçonnant pas la profondeur où s'ancre la vie et ses puissantes ressources, elle imagine tout de suite le pire ; mais ce pire ne lui semble guère réel à cause de l'impossibilité où elle se trouve d'envisager la mort.
[...]
Joue-t-il le jeu ? se demanda Gerard en serrant la main chaude, en regardant avidement la tête renversée.
Sans Paul, cette voiture eût été une voiture, cette neige, ces lanternes des lanternes, ce retour un retour. Il était trop rude pour s'être de lui-même fabriqué l'ivresse ; Paul le dominait et son influence avait à la longue transfiguré tout. Au lieu d'apprendre la grammaire, le calcul, l'histoire, la géographie, les sciences naturelles, il avait appris à dormir éveillé un sommeil qui vous met hors d'atteinte et redonne aux objets leur véritable ses. Des drogues de l'Inde eussent moins agi sur ces enfants nerveux qu'une gomme ou qu'un porte-plume mâchés en cachette derrière leur pupitre."